Le joli mai (Chris Marker & Pierre Lhomme, 1963)
Cette petite merveille pourrait durer trois, quatre ou cinq heures supplémentaires que ça passerait comme une lettre à la poste. A l'instar de Chronique d'un été et de son expérience de cinéma-vérité, les auteurs interrogent au hasard des rencontres des hommes et des femmes, riches ou pauvres, français de souche ou immigrés, cheminots ou boursicoteurs, dans le Paris du printemps 62. Les événements d'Algérie sont derrière eux, la vie et son lot de tracas quotidiens, de petites joies et d'insouciances, suit son cours. C'est émouvant et passionnant, c'est drôle et tragique. Le joli mai s'impose comme un formidable témoignage d'un passé définitivement perdu (pour le pire et pour le meilleur), bercé de ci de là par la voix-off d'un Yves Montand conteur-poète, qui offre un supplément d'âme à ce film qui est beaucoup plus qu'un simple documentaire.