Tabou (Friedrich W. Murnau, 1931)
Une œuvre traversée par des moments sublimes dans laquelle Murnau poursuit le travail thématique abordé dans L'aurore, condamnant ainsi la civilisation qui écarte et écartèle les êtres, travestit leur âme et aveugle leurs sens. Travaillant intelligemment sur la question du sacré et de l'interdit, le cinéaste, dont ce fut le dernier film, saisit avec une acuité et une fascination rares les instants de joie, les îles envahies par un soleil omniprésent et une nature luxuriante. De Flaherty qui participa au montage du projet, l'Allemand conserva l'aspect documentaire qui s'accommode admirablement de sa science du cadre. Une ode au paradis perdu. Perdu par ces autochtones qui s'aiment. Perdu par tous les hommes. Merveilleux.