Cani arrabiati (Mario Bava, 1974)
Invisible pendant très longtemps, l'avant-dernier film de Bava est peut-être le plus glaçant des polars italiens de la décennie. L'un des plus réussis également. S'il n'est pas exempt de reproches (la constante hystérie qui anime les malfrats peut sembler grand-guignolesque et assomante), la violence des situations, l'urgence de la mise en scène, la nerveuse bande originale du grand Stelvio Cipriani, l'ahurissante conclusion... Cani arrabiati dérange, choque, provoque un malaise suffocant. Il est le témoin d'une Italie déboussolée, confrontée aux années de plomb et son climat délétère. Ce road-movie nihiliste révèle un cinéaste non pas cynique mais désabusé. On en ressort épuisé mais durablement chamboulé. La marque d'un film qui compte.