On devient tous fous (Seijun Suzuki, 1960)
Portrait furieux d'une jeunesse nippone qui perd les pédales. A la fois héritière et orpheline, elle est bloquée dans un pays qui n'a pas pansé les plaies de la défaite en 45 ni jamais véritablement accepté le joug américain. Suzuki filme à l'épaule, déplore l'impossible compréhension entre deux générations, attaque de front la presse à sensation, la frivolité et la violence du monde contemporain. La réalisation nerveuse, rythmée par une bande originale jazzy tout à fait adaptée, s'inspire explicitement de la Nouvelle Vague. On en sort rincé mais enthousiasmé.