Campement 13 (Jacques Constant, 1940)
Voilà un film proprement extraordinaire, au sens non galvaudé du terme. Rarement le cinéma français aura produit de film aussi réaliste, aussi dégagé des contingences narratives (car finalement le récit n'a que peu d'importance), aussi désenchanté. Avec une précision quasi-documentaire (voir l'introduction), Jacques Constant s'attache à décrire les relations tumultueuses entre les hommes (et les femmes) au sein d'un milieu ouvrier. La droiture et le courage, la trahison et la jalousie... les sentiments humains y sont disséqués sans fard. Quelques moments prodigieux : le chant victorieux après le sauvetage, la réunion durant laquelle Gabrio annonce son mariage et la fin, superbe de désillusion. Rare et indispensable.